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De la culpabilité chronique au leadership systémique

  • Photo du rédacteur: Ève Brière
    Ève Brière
  • 15 mars
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 17 mars


Avez-vous déjà entendu cette étrange petite voix intérieure qui dit que vous faites quelque chose de mal... alors qu'au fond de vous, vous savez que vous prenez la bonne, la saine décision ?


Avez-vous remarqué à quel point ce sentiment, cette culpabilité, est pernicieuse, et ralentit votre développement personnel et professionnel?


Jour après jour, semaine après semaine, mes coaché(e)s me partagent ce conflit intérieur. Le phénomène m'est apparu si commun ... que j'ai eu d'autres choix que de l'explorer. Puis, à mes yeux de philosophe-artiste, j'ai soudainement vu se révéler une autre facette de cette culpabilité :


Et si, parfois, la culpabilité était une forme de leadership en train de s'éveiller ?


Voici donc un petit essais philosophico-visionnaire explorant trop brièvement cette émotion si répandue... mais qui, lorsqu'on s'y attarde quelque peu je crois, a le potentiel de nous porter bien plus loin que ce qu’on croit!


Le mea culpa classique


Selon la théorie classique, nos émotions ont une fonction essentielle à la survie de l'espèce.


Puisque le changement survient constamment autours de nous, nos émotions aussi bougent, à chaque tournant, pour nous informer sur nos besoins et nous fournir l’énergie d'y répondre. Les émotions servent donc à nous adapter, à garder l'équilibre et à nous épanouir - puisque c'est aussi l'un de nos besoin.


La culpabilité serait donc une émotion dite “sociale”, assurant ce besoin mammifère de cohésion sociale et d’appartenance, pour la survie de l’espèce. Fondamentalement, la culpabilité nous signale nos erreurs de comportement et nous incite à les réparer afin de conserver les liens dont nous dépendons pour survivre.


Comme toute autre émotion, elle devrait en théorie s’atténuer lorsque sa fonction est accomplie: Ayant commis une action potentiellement dommageable au lien, je sens la culpabilité et je suis portée à poser une action réparatrice. Ensuite, je n'ai plus besoin de la culpabilité. Circulez!


Mais ça, c’est la théorie. Dans la réalité, nombre d'humains semblent porter la culpabilité comme un fardeau accablant, et ce, sans même avoir commis de faute précise.  


"Je suis épuisée ... mais je suis incapable de me reposer. Je me sens égoïste et coupable dès que j'y pense. Ça m'angoisse. »


« Je dois prendre une décision qui va déplaire .. et je procrastine depuis des semaines. Je que c'est nuisible pour toute l'organisation si j'attends encore plus longtemps, mais j'ai tellement l’impression que ça fait de moi une mauvaise gestionnaire.»


« Comment puis-je être heureux… alors que tant de gens souffrent autour de moi ? »


Les exemples abondent. Quelle est votre version à vous ?



Haec culpa non est mea


Le phénomène est omniprésent : Il n'y a pas de faute réelle, on le sait bien! Et pourtant, la culpabilité est là qui serre au ventre et pèse comme un fardeau... dont n'arrive finalement pas vraiment à comprends l'origine.



C’est peut-être ici que la théorie classique de l'émotion rencontre la réalité systémique de notre expérience. C'est peut-être ici qu'on trouve la limite du paradigme individualiste, pour se rappeller que la psyché, en réalité, est tout autant collective qu'elle est individuelle.


En effet, nous faisons toustes et chacun(e) partie intégrante de systèmes plus vastes : famille, communauté, organisation/entreprise, nation, etc. Et nos pensées et nos émotions, sont les fruits d'arbres généalogiques et sociologiques bien plus ramifiés et complexes que nous avons l'habitude d'y penser. Nous ne sommes pas seul(e)s!


Il en va donc ainsi de la culpabilité, lorsqu’elle ne semble pas correspondre à la définition classique et qu’elle semble si diffuse et “chronique”: Elle a aussi une origine trans-personnelle!


Avez-vous déjà entendu parler, par exemple, de la “culpabilité du survivant”? Il s'agit d'un sentiment profond et irrationnel de culpabilité, partagé par d'inombrables rescapés d'événements tragiques : catastrophes naturelles, accidents, guerres, génocides ou maladies graves. Le phénomène, amplement remarqué et étudié, met en évidence toute la complexité de notre psychisme.


Ayant eux-mêmes survécu, mais ayant aussi tragiquement perdu leurs proches, les survivants sont donc en prise avec un incommensurable et absurde deuil. La psyché, en état de choc, trouve dans la culpabilité une sorte de moyen inconscient de préserver une sorte d'homéostasie. “Si je me sens coupable, c’est qu’au moins quelque part je dois avoir du pouvoir sur quelque chose.” "Si je me sens coupable, je suis loyale... Au moins, je reste en lien."

Phénomène fascinant. C'est comme si la psyché, ne pouvant pas digérer l'intensité et l'absurdité de son deuil, trouvait dans la culpabilité une forme de contrôle rassurant...



Un deuxième exemple transpersonnel à considérer est la culpabilité induite, celle-ci conséquence de manipulations émotionnelles et d’abus de pouvoir plus ou moins conscients. Cette culpabilité induite sera malheureusement transmissible... de générations en générations.


Quelqu'un (ou quelqu'institution) dans l'histoire n'a pas pris responsabilité pour l'utilisation malsaine de son pouvoir. Incapable d'assumer et de réparer ce fait, la personne ou l'institution aura laissé ou fait croire aux victimes qu'elles sont elles-mêmes les responsables de leur souffrance. Culpabilité induite.


Puisque les victimes du pouvoir sont, a priori, en situation de dépendance, elles ne peuvent pas risquer de briser le lien d’avec leur abuseur. Elles prennent donc inconsciemment la charge de la culpabilité… pour préserver le lien et assurer leur survie. Vaut mieux être coupable que mort.


On peut ici songer au cas où d’un enfant négligé ou abusé qui préfère se croire "mauvais" plutôt que d’accepter que son parent est inapte.


On pourrait aussi reconnaître les abus de pouvoir perpétrés aux quatre coins du monde par diverses factions et institutions étatiques et religieuses. Ces abus ont eu, et ont jusqu'à ce jour, un impact traumatique très lourd, et dangereux, dans le monde.




La perspective systémique permet de considérer que parfois (peut-être même souvent) la culpabilité n’est pas le signe d’une faute personnelle à réparer, mais celui d’un système de relations en quête d’homéostasie.

 

La psyché, inconsciemment, préserve des liens et des dynamiques qu’elle croit nécessaire à sa survie. Mais est-ce réellement le cas? Est-ce que ma survie dépend réellement, entièrement, de ces personnes envers qui je me sens coupable?


Une prise de conscience peut tout changer.


Elle permet de choisir autrement.


Elle permet de passer de la survie à la créativité...


Elle permet de passer au leadership.



Nouveau regard


Je repose donc la question : Avez-vous déjà entendu la petite voix qui dit que vous faites quelque chose de mal, alors même que vous savez, dans votre for intérieur, que vous prenez la bonne, la saine décision ?


Ajoutons maintenant : Est-il possible que ce sentiment étrange ait en réalité des origines et des ramifications … systémiques ?

 

Si je me sens coupable mais que je n’ai commis aucune faute, alors qu’y a-t-il d’autre à considérer?  Qu'est-ce qui se passe … à plus grande échelle ? 


Est-il possible que mon milieu soit empreint de non-dits, de déséquilibres, ou dans le déni de deuils ou de réparation nécessaires? 


Est-il possible que cette culpabilité que je ressens ne soit pas un problème, mais le symptôme d’un malaise plus grand que moi ?  


Ce système (cette famille, cette entreprise, ce cercle d'ami(e)s,) dans lequel j’opère, est-il, sans se l'avouer, en souffrance?


Et en quoi me laisser freiner par la culpabilité les aidera réellement ? Et si ce sentiment n'était pas réellement le mien ? Et si, en réalité, il me révélait l'incroyable force-sensibilité que j'ai, de pouvoir ainsi ressentir mon environnement ? Et si c'était là une force à exploiter... pour le bien de cet environnement en grand besoin d'un nouvel équilibre ?



La culpabilité? Ou l’évolution ?


Le papillon se sent-il coupable de n’être plus chenille ? Le serpent se sent-il coupable de laisser sa vieille peau au coin d’un rocher?  L’oisillon se sent-il coupable de quitter le nid pour trouver lui-même sa nourriture?


Et si vous étiez en train de briser un vieux pattern… de grandir et d’évoluer ?

 

Et si vous étiez à l’aube de prendre un nouveau rôle ?


Peut-être vous sentez-vous surtout “coupable” d’enfreindre certaines règles implicites qui préservaient jusqu’à récemment un status quo … qui, vous l'entrevoyez maintenant, ne vous convient plus. 


Et si vous étiez en train de créer quelque chose de nouveau, de plus authentique et sain ?


Et si vous étiez un(e) leader, du simple fait d’écouter et d’incarner votre vérité profonde et votre besoin de bien-être ?


Au fait, combien de ces personnes que vous aimez, et que voulez peut-être “protéger”, combien ont cette même soif d’authenticité, de santé, et d’harmonie pour eux et elles-mêmes?! Et si ces personnes en devenaient inspirées!  (Et, ne le nions pas, peut-être aurez-vous à faire certains deuils. Ils sont très importants également.)


Le mouvement, le passage, peut effectivement être inconfortable. Il s’agit souvent de s’affirmer, de poser et respecter nos limites, de nous reposer, de nous lancer. Il s'agit de courage et de compassion. Ça prend du recul, de l’engagement, des habiletés et des stratégies de communication, des outils, de la pratique!


Et j’aime tant accompagner dans ces questionnements, ces passages, et cet épanouissement. C’est à la fois si intime et tellement plus grand que nous!


C’est le changement systémique, le seul changement qui soit.


Dans les derniers soubresauts d’un ancien moi qui avait appris à se conformer, mes clients, plus ou moins consciemment, cherchent et trouvent dans l’espace de coaching un nouvel espace de sécurité psychologique pour l’étape de la transformation.

Une chrysalide.


On parle de conflits et de vérités intérieures. On apprend à écouter et respecter les différentes parties de soi, et se faisant, on découvre et consolide des qualités de l’Être d’une incroyable Puissance et Beauté.


Ouais, c’est un grand honneur pour moi, Ève, de pouvoir me racheter de mon péché originel d’avoir croqué la pomme (brin d'humour biblico-sarcastique) , en vous servant de guide et d'ancrage bienveillante, armée de leaders que vous êtes, dans vos vies personnelles et dans vos milieux de travail.


Soyons authentiques et ensemble, soyons le changement!




Parfois, encore, nous ferons des erreurs et ressentirons la saine culpabilité qui nous indique qu'il y a quelque chose à réparer.   Pour le reste, il est temps de se délester.
Parfois, encore, nous ferons des erreurs et ressentirons la saine culpabilité qui nous indique qu'il y a quelque chose à réparer. Pour le reste, il est temps de se délester.


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